voici donc la 2ème partie de l'interview. bonne lecture.
CdC : Combien de tournois jouez-vous par an ?
JH : Je joue environ 8 mains events par an.
CdC : Cela signifie que vous êtes loin de votre famille combien de temps ? Ou peut être votre famille viens avec vous ?
JH : Ma famille vient de temps en temps avec moi. Je pars pour le poker environ 4 mois par an (il y a les mains events et des tournois ou cash game annexes, NDA).
CdC : Vous avez fait beaucoup d’interview, y a-t-il une question qu’on ne vous a jamais posée et que vous auriez aimé qu’on vous pose ?
JH : (rires) Laissez-moi y penser.
CdC : Il va aussi falloir y répondre (rires)
JH : (rire)Nnon, je ne vois pas. (rires)
CdC : Y a-t-il beaucoup de différences pour vous entre les tournois live et online ? En dehors du fait que vos adversaires ne sont pas en face de vous donc vous avez moins d’informations pour les « lire ».
JH : La différence se fait essentiellement sur la stratégie. Dans le jeu online, vous devez jouer serrer : la plupart des joueurs ne sont pas confirmés et jouent des coups tellement mal. En live vous pouvez compter sur votre expérience et votre instinct.
CdC : Pensez-vous comme Isabelle Mercier qu’il devrait y avoir une ligue professionnelle où seuls les pros peuvent jouer ?
JH : Ce que voudrais c’est qu’il y ait un classement pour désigner un champion. Par exemple, chaque fois que vous êtes dans les places payées, vous marquez des points et le top 100 ou 200 se retrouve pour jouer une ligue pro.
CdC : Oui mais le poker tel qu’il est, est magique : s’il n’y avait qu’une ligue pro, nous ne pourrions pas vous interviewer, ça signifierait des sponsors, des droits à l’image, des médias pro… c’est en ça que le poker est magique : vous pouvez avoir la chance de jouer contre des champions. Ce qui par exemple n’existe pas au tennis, nous ne pouvons pas, même en payant 10000$ jouer contre Agassi. Par contre, nous pouvons pour quelques dollars nous qualifier dans des gros tournois de poker, et jouer contre des pros.
JH : Absolument, et tout le monde peut se dire qu’il a une chance dans notre jeu.
CdC : D’un autre coté, avec 8000 joueurs au départ d’un championnat du monde, c’est vraiment difficile pour les bons joueurs.
JH : Oui, c’est pourquoi je propose qu’on prenne par exemple les joueurs qui ont fait une place payée dans un main event pour jouer le championnat du monde. Accumulez des points et vous pourrez concourir pour le championnat de monde.
CdC : Un peu comme le Joueur « Card Player » de l’année : les joueurs marquent des points en jouant des tournois dans l’année.
JH : Oui mais pas tous les tournois, seulement une dizaine, pour que les joueurs comme moi puissent défendre leur chance. Comment voulez vous rivaliser avec des joueurs qui jouent tous les tournois ? Ils vont forcément finir par marquer des points. Il faut des tournois où tout le monde puisse jouer mais seuls les premiers de ces tournois peuvent entrer dans le tournoi désignant le champion du monde.
CdC : Que pensez-vous du Pro Poker Tour (une série de tournoi organisée sur invitation réservée aux pros), cela semble correspondre à ce que vous souhaitez : vous devez avoir un « rang » ou un « grade » spécial pour faire partie des compétiteurs. Ne préférez-vous pas jouer un PPT plutôt qu’un tournoi comme celui là (la finale de l’EPT 2007 à Monaco avec 6.600.000$ de gains !!!, NDA)
JH : L’idée est bonne, mais il n’y a pas d’argent à gagner dans le PPT. On parle de joueurs pros mais de seulement 250.000$ en jeu. Je ne veux pas partir une semaine ou 10 jours loin de ma famille pour faire un tournoi où les gains sont si faibles. C’est un championnat pour les américains. 1 millions de $ au moins me paraitraient justifiés vus les noms des joueurs, les retombées médiatiques…
CdC : Vous préfèreriez donc qu’il y ait un buy in au PPT ?
JH : pas nécessairement. Les joueurs les mieux classés pourraient être invités et les autres devraient payer. C’est une question d’attractivité : faites un tournoi avec plus de 6.000.000 $ en jeu en Europe, les gens vont venir. Il faut rendre le PPT attractif.
CdC : Vous pensez comme certains qui font une comparaison avec le golf et le PGA : vous aimeriez qu’il y ait plus de sponsors autorisés qui financeraient de beaux tournois.
JH : Exactement, il y a des sponsors dans le poker qui sponsorisent des joueurs, il devrait y en avoir pour sponsoriser les tournois.
CdC : Mais il y a les problèmes de loi aux USA, en France…
JH : Il n’y aurait plus de problèmes puisque personne ne paierait pour jouer.
CdC : Pas en France en tout cas puisque la loi défini le poker comme un jeu de hasard, donc il ne peut y avoir de gains.
JH : Vraiment ?
CdC : Il y a eu des rumeurs qui faisaient état de problèmes que vous auriez eu en Australie après votre titre de champion du monde. Il paraitrait que c’est à cause de la loi australienne et du statut de joueur pro.
JH : Non, je n’ai eu aucun problème, j’ai fait ce que je devais faire pour être en conformité avec la loi mais ça ne signifie pas que j’ai eu des problèmes. Vraiment aucun problème.
CdC : Maintenant votre seul travail est de jouer au poker ?
JH : Mon travail est d’être Joe Hachem. Jouer des tournois, reste jouer. Mon job est de continuer à être moi, d’avoir la confiance des sponsors.
CdC : Du fait que vous ne jouiez que peu de tournois, vous jouez pour le plaisir.
JH : En fait, l’argent n’est pas vraiment un challenge puisque je suis sponsorisé et que mes précédents résultats m’en ont rapporté. Ce que je cherche c’est la compétition, c’est devenir le No1. C’est pourquoi mon job est d’être Joe Hachem, je suis payé pour ça.
